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Ecole Montessori de Cornebarrieu - La Maison Montessori
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Ecole Montessori de Cornebarrieu - La Maison Montessori
  • Ecole privée pédagogie Montessori accueillant des enfants de 2,5ans à 11 ans à Cornebarrieu près de Toulouse (31). Dans le respect de la nature, des besoins de l'enfant, et dans un environnement préparé et adapté, conformément à la Charte Montessori AMI
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22 septembre 2018

Education : l’indispensable besoin de limites

Education : l’indispensable besoin de limites

Repères et interdits sont nécessaires au développement de l’enfant. Ne pas les lui donner, c’est, selon la psychanalyste Claude Halmos, l’exposer à de graves difficultés.

Claude Halmos 

Il est interdit d’interdire… Pour toute une génération d’adolescents et de jeunes adultes, cette phrase symbolisa, sur les murs en 1968, la révolte contre toutes les interdictions absurdes et répressives qu’imposaient, à l’époque, sûrs de leur bon droit, une majorité de parents, d’enseignants, d’éducateurs, etc.

Le temps a passé. Les choses ont changé. S’il fallait, aujourd’hui, promouvoir une révolution, ce serait celle des limites, car les enfants et les adolescents n’étouffent plus dans le carcan d’une éducation trop rigide, mais vacillent – pour beaucoup d’entre eux – devant le vide. Celui d’une vie sans repères ni boussole, d’un monde qui n’est plus balisé par rien, faute d’adultes capables d’en expliquer clairement les lois et de garantir, par une présence éducative ferme et rassurante, qu’elles soient respectées. Du point de vue de ses conséquences, ce vide éducatif n’a rien à envier à l’ancien carcan. Il est à sa façon tout aussi destructeur.

Des patients de plus en plus jeunes

Les psychanalystes qui reçoivent des enfants peuvent à loisir le constater. Une nouvelle génération de petits patients peuple désormais leurs cabinets. Elle est constituée d’enfants jeunes (de l’âge de la maternelle ou du cours préparatoire). Ils présentent tous des symptômes invalidants et curieusement identiques : difficultés d’apprentissage ou de socialisation, problèmes de comportement, "retards". Et ils ont tous en commun de n’avoir pas une histoire familiale suffisamment lourde pour justifier leurs troubles.

De quoi souffrent ces enfants alors ? Le travail mené avec eux et leurs parents le fait apparaître rapidement : d’une absence de "limites". Elle se manifeste en principe de trois façons. Ils ne sont pas suffisamment "poussés" à l’autonomie. A 5 ou 6 ans, ils ne se débrouillent pas seuls dans le quotidien (alors qu’ils en seraient parfaitement capables). On continue à les laver, les habiller, etc. Leur "place" ne leur a jamais été clairement signifiée. Ils sont, par exemple, mêlés à la vie de couple de leurs parents. Les règles, dans la vie quotidienne, sont toutes élastiques et floues.

Pour un enfant, “qui ne dit mot consent”

Le travail avec ces enfants est très souvent spectaculaire. En effet, quand leurs parents comprennent rapidement la nécessité de "redresser la barre", il suffit, en général, de quelques séances pour que ces petits patients retrouvent l’intégralité de leurs capacités, leur route et, ce qui n’est en rien négligeable, leur joie de vivre. De tels exemples montrent, à l’évidence, que, contrairement à ce que croient les parents qui ont peur de les mettre, les limites ne relèvent en rien du dressage et de la répression. Elles sont, au contraire, un facteur d’épanouissement pour l’enfant.

D’abord, parce que ces limites lui permettent de se construire. Un enfant ne grandit jamais "naturellement". Pour y parvenir, il a besoin de ses parents (ou de personnes adultes qui occupent une place parentale). Pourquoi ?

• Parce "qu’avancer" suppose que l’enfant remette, à chaque étape, ses cartes en jeu, qu’il accepte de quitter le palier confortable, agréable et rassurant qu’il a atteint, et se risque dans l’escalier pour gagner l’étage supérieur. Opération qui exige de lui un effort comparable à celui que doit fournir un sportif qui tente de dépasser son record du moment.

• Cela implique aussi une capacité à affronter une incompétence momentanée, avec ce que cela suppose – possiblement – de vexations. Lâcher la sécurité rassurante du "quatre pattes" pour l’instabilité de la position debout est une aventure dans laquelle on peut hésiter à se lancer. Un "coup de pouce" des parents est donc nécessaire. Il est important qu’ils expliquent, rassurent, encouragent, mais également, lorsqu’ils sentent leur enfant prêt, qu’ils l’obligent à avancer : « Ce n’est pas demain. C’est tout de suite. Vas-y ! Tu en es capable ! »
Leur rôle est d’autant plus déterminant que, pour un enfant, « qui ne dit mot, consent ». Dès lors, quand ses géniteurs le laissent tergiverser, hésiter, stagner, il interprète souvent leur silence comme une preuve qu’ils ne le croient pas capables de "mieux" et cela influe sur la construction de son narcissisme, du sentiment qu’il a de sa valeur. Ce narcissisme ne tombe pas du ciel. C’est en affrontant les difficultés et en se prouvant à lui-même qu’il peut les surmonter qu’un enfant acquiert une confiance en lui. Si l’on ne réussit jamais rien, comment être fier de soi ?

Résister à l’envie de “frapper”

Nécessaires à la construction de l’enfant, les limites lui sont également indispensables pour qu’il se sente en sécurité : il ne peut pas se sentir protégé par des adultes qui ne sont même pas capables de lui imposer, à lui, la moindre règle. Mais aussi pour qu’il accède à la compréhension des lois sociales.

On s’inquiète, aujourd’hui, de la montée de la délinquance et l’on tente (au travers de diverses expériences) de l’enrayer en agissant sur les adolescents qui s’y livrent. Malheureusement, prendre le problème à cet âge-là est généralement trop tard, car ce n’est pas à 12 ans que se "fabrique" un délinquant, mais à l’âge de 2, 3, 4 ou 5 ans.

Ce qui permet à un adolescent d’être "dans la loi", c’est-à-dire de résister aux tentations du monde, et surtout au "pulsionnel" en lui – à l’envie "animale", et normale, de "prendre", de "frapper", etc. –, c’est d’avoir appris à le faire, pas à pas, depuis toujours.

Non pas seulement par de "bonnes paroles", mais au travers d’actes, de règles posées dans le quotidien à propos de toutes les choses de la vie, aussi petites soient-elles. De telle façon qu’elles lui permettent de comprendre avec sa tête, mais aussi avec son corps (sa sensibilité, etc.), le respect du monde et des autres. Par exemple : « On ne bouscule pas la vieille dame : ses jambes ne sont pas assez solides », « On ne serre pas le cou du chat : ça lui fait mal », « Les bonbons que tu as pris, on va les rapporter à l’épicier. Si tout le monde lui prend tout sans payer, il ne pourra plus vivre. »

Mais l’intégration par l’enfant des règles interhumaines suppose également deux choses : que les adultes lui montrent qu’eux-mêmes y sont soumis et les respectent. Sinon l’enfant, convaincu que les adultes usent de leur force pour "faire la loi" au gré de leur plaisir, tentera, devenu grand, de faire de même… Et que ces mêmes adultes ne se contentent pas de "dire" les règles, mais qu’ils se donnent les moyens de les faire respecter. Car une règle dont on n’exige pas le respect n’est pas une règle mais un vœu pieux. Et les conséquences de ce détournement de sens sont toujours graves. Si la préfecture de police se contentait de supplier les automobilistes de s’arrêter aux feux rouges, pense-t-on à ce qui pourrait arriver ?

Ce bon sens élémentaire, notre société semble l’avoir, aujourd’hui, bien souvent perdu. Et c’est regrettable car, parallèlement aux violences physiques ou psychologiques – parfaitement condamnables –, il en existe une autre, plus subtile, mais également destructrice : celle du "laisser-faire", qui abandonne l’enfant, sans repères, à ses pulsions. Mettre des limites à leur enfant et les faire respecter n’est pas seulement, pour les parents, un droit. C’est un devoir – vital pour cet enfant – d’éducation.

Parole et parlote

La vogue des "conseils psy" et l’importance – justifiée – accordée à la parole pousse de plus en plus de parents à confondre "éducation" et "parlote". Ainsi, en consultation, on voit de nombreux pères et mères "empêchés", ligotés par ce discours et réduits, face à leur enfant, à une impuissance destructrice pour tous : « On lui a dit mille fois de ne pas jeter son assiette par terre quand il n’en veut plus, mais il le fait quand même. Qu’est-ce qu’on peut faire ? »

Tout se passe comme si, à l’horizon de toute idée de "sanction" ou de "punition", se profilait désormais le spectre de la maltraitance. Ce détournement de sens a des conséquences graves. Expliquer le pourquoi d’un interdit et son importance est en effet fondamental. Mais comment l’enfant pourrait-il croire à cette importance s’il peut, de façon répétitive, transgresser la règle sans que rien ne se passe ?

Marquer par une punition la gravité de la transgression c’est, pour les parents, mettre leurs paroles en accord avec leurs actes. Ce n’est donc pas se montrer maltraitant, mais seulement cohérent.


 

Selon Catherine Dumonteil-Kremer:
Je veux tout, tout, tout !

 

C’est une des caractéristiques même de l’enfant, que de tout vouloir, tout de suite. « Tout est si attirant ! Et quelle tristesse de ne pas pouvoir tout faire, tout vivre, tout acheter ! Votre enfant a le droit de vouloir et vous avez aussi le droit de dire non à ses demandes ».

 

Seulement dire NON n’est pas toujours facile !! Il est cependant possible :

 

  • D’éviter l’abus de « non » : en le remplaçant, quand c’est possible par une autre information. Exemples : Lou à 17h30 : « je peux avoir un biberon ? » réponse : « comme tous les jours ma puce, tu en aura un ce soir avant de te coucher ». Léo : « papa, je peux aller faire de la balançoire dans le jardin » réponse « dès que tu auras fini tes devoirs ».
  • De ne pas hésiter à dire non quand cela est jugé nécessaire : sans culpabiliser. « Les refus font partie de la vie. Si vous savez vous positionner, votre enfant saura s’affirmer ».

 

– Accueillir les émotions :

 

La frustration que génère notre « non » entraîne forcément une souffrance que l’enfant évacue par du chagrin ou une colère. Notre rôle de parent est alors d’accueillir ces émotions difficiles. Comme dans les cas abordés plus haut, restez proche de votre enfant pendant qu’il évacue ses émotions, même si c’est parfois très pénible : il vous en veut et cherchera même parfois à vous taper. Prenez le fermement dans les bras en le laissant gesticuler ou mettez le sur un lit et restez dans la pièce jusqu’à ce qu’il se calme.

 

Le fait de « céder » alors que vous pensiez « non » ne fait que retarder la crise. Selon Catherine Dumonteil-Kremer, parfois lorsque votre enfant vous soumet des désirs incessants, c’est qu’il a besoin de décharger un « trop plein émotionnel ». Le fait de lui dire non déclenchera sa colère mais lui offre la possibilité d’évacuer son stress.

 

Distinguez les non « catégoriques » qui ne sont pas négociables, de ceux ouverts à la négociation. Dans ce cas, justifier le non en donnant les véritables raisons aide l’enfant à réfléchir et à proposer des solutions alternatives.

 

Quand un non n’est pas négociable, annoncez simplement que ce refus ne se discute pas, et n’y revenez pas.

 

Poser des limites dans la relation éducative / pédagogique pour rendre l’enfant autonome ?

Conférence donnée à Caen, le 20 octobre 2011

Notre rapport à la colère est très difficile car nous confondons « colère contre » et « colère pour ». La colère contre est celle qui nous fait insulter, taper l’autre qui a déclenché notre réaction. Or la loi nous interdit d’injurier et de taper ! La, loi interdirait-elle la colère ? Impossible ! En fait la vraie colère est une colère « pour... » défendre notre territoire, nos biens, notre dignité, la justice etc. Toute émotion est une « énergie pour... ». Quand elle se transforme en énergie contre, c’est parce qu’elle est refoulée, jugée et que nous nous jugeons d’être aussi « faible ».

Ex . Je suis intervenu dans une Maison d’enfants à caractère social (MECS) suite à une gifle donnée par une éducatrice à un adolescent. En retravaillant sur la situation avec l’éducatrice, en rejouant une situation similaire, je lui faisais remarquer qu’elle n’avait pas réagit lorsque son collègue qui jouait l’adolescent la traitait de « connasse », mais qu’elle a explosé quand il la traitait de « putasse ». Elle banalisait « connasse » sous prétexte que c’était courant mais elle ne pouvait accepter « putasse » qui la blessait fortement. Je lui faisait remarquer que la loi qu’elle est sensée faire respecter par ces jeunes ne fait pas de différence et qu’elle n’a pas le droit d’en faire elle-même. Qu’elle doit confronter les jeunes à toutes les lois définies par le législateur. Pourtant elle était convaincue que le jeune l’avait provoqué et que du coup la gifle l’avait calmé. J’ai dû alors lui prouver qu’elle pouvait le calmer autrement, en le confrontant à sa propre « colère pour », qu’elle avait beaucoup de peine à accueillir sans se dévaloriser et que du coup c’était la « colère contre » qui prenait le dessus.

Ex : J’étais en vacances chez des amis, et la mère se plaignait du comportement d’un de leur fils qui faisait bêtises sur bêtises : elle se sentait totalement impuissante. Lui ayant demandé ce qu’elle aimerait pouvoir faire dans ces circonstances, elle me répondit « l’étrangler ! ». Comme j’avais confiance dans son amour et ses capacités de compassion pour son fils, je lui répondit « vas-y, c’est ce qu’il attend, il en a besoin ». Elle me regarda ahurie ! Deux jours plus tard ma fille aînée, qui n’était pas au courant de cette discussion, nous confia que le fils en question lui avait dit « j’espère que mes parents me foutront une branlée quand je fais des conneries, parce que j’ai peur d’en faire une trop grave... ». Transmis aux parents... Ce garçon s’est complètement stabilisé. En fait, il vivait dans une très grande insécurité parce que ses parents n’osaient pas le confronter à leur colère ou leur peur, leur tristesse etc.

Les adultes, parents, enseignants, éducateurs, ont la responsabilité de créer et de garantir un cadre sécurisant pour l’enfant. Quand celui-ci transgresse des règles définies à l’avance, l’adulte doit appliquer des sanctions éducatives adaptées.

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